5 janvier 2008

Synopsis

Paris. Une nuit, une jeune fille fuit le confort d’une grande maison familiale pour rejoindre le funambule qu’elle avait admiré en spectacle la veille : elle désire ardemment devenir elle-même fil-de-fériste, une équilibriste de l’extrême, et renonce à une existence dorée pour une vie de bohème à travers l’Europe, puis dans le monde entier.

Elle dessine des poèmes transparents dans le vide, elle est si légère, son sens de l’équilibre si extraordinaire, que son nom d’artiste — Neige — la précède en tous lieux avec l’éclat d’un feu d’artifice. Son parcours lumineux la mène au Japon, où elle rencontre l’homme de sa vie, Kano, qui dépose son sabre de samouraï à ses pieds, et devient avec elle un grand artiste, peintre et poète.

Le temps passe. Le bonheur, en apparence… Les yeux de la jeune femme quittent l’harmonie du jardin, le visage de la petite Yukiko, née de son amour pour Kano, et regardent dans le vague… L’exercice de son art lui manque… Elle reprend l’entraînement, et elle retrouve, si légère, le pied glissant sur le câble en acier, ses mains jouant du balancier, cette ivresse du corps en équilibre…

Une représentation exceptionnelle est organisée en l’honneur de l’empereur, lors d’une grande fête dont elle est la vedette. Les préparatifs sont à la mesure de l’exploit : Neige doit traverser l’espace immense entre deux des plus hauts sommets des Alpes japonaises.

Les festivités sont lancées, jusqu’à la nuit tombée. Les invités, dont le très jeune empereur, guettent Neige… Elle apparaît enfin, si haut au-dessus du vide, une des extrémités de son balancier en feu : elle dessine, au fur et à mesure, un sublime haïku de feu sur la page noire du ciel.

Mais alors qu’elle avance légère comme un flocon de lumière sur le fil tendu, ayant atteint le milieu de son parcours, une inquiétante vibration : sous les yeux de Kano, de Yukiko, et de l’empereur du Japon, c’est la chute vertigineuse — un trait de feu aussitôt effacé par la nuit. La montagne l’a engloutie.

Kano part à sa recherche sur le champ, mais dans sa lutte inégale contre la montagne, et à force de scruter des jours durant l’éclat impitoyable des neiges éternelles dans l’espoir de serrer à nouveau sa femme dans ses bras, il perd la vue sans l’avoir retrouvée.

Nord du Japon, vingt ans plus tard. Kyo a dix-sept ans. Contre la volonté de son père, il a choisi : il ne sera ni prêtre, ni guerrier. Il sera poète de la blancheur, le poète de la neige.


Son père, prêtre shintoïste, supporte mal la rébellion de son fils, mais lit ses poèmes en cachette, et est bien forcé de reconnaître la valeur du jeune poète. Il fait secrètement parvenir à la cour de l’empereur quelques-unes de ses œuvres poétiques.

On envoie bientôt un émissaire, poète de cour, accompagné d’une jeune femme férue de poésie, qui n’est autre que… Yukiko, la fille de la belle funambule et de l’ancien samouraï.

Kyo écoute à peine l’émissaire impérial — qui remarque l’absence de couleur dans son art, et lui conseille d’aller suivre l’enseignement du grand maître Kano — tant il est subjugué par la beauté et la grâce de la jeune femme.

Lorsqu’il prend congé, sa maladresse trahit ses sentiments et elle en rit. Ce rire blesse l’amour propre de Kyo, et en même temps rend plus douloureuse l’étreinte de cette passion naissante…

Il se venge de cette douleur de cœur la nuit même en faisant l’amour avec violence avec une jeune femme rencontrée près de la fontaine de son village, et qui l’avait initié aux plaisirs de l’amour durant l’hiver.

Pour aller suivre l’enseignement du grand maître Kano, Kyo traverse le Japon, franchit des sommets, et découvre au cœur de la tempête, pris dans la glace depuis vingt ans, le corps intact de la jeune Française, éclatante de beauté.

Après avoir passé une nuit entière à l’admirer, Kyo quitte la gisante à regret pour se rendre chez Kano, dont il ne sait pas encore qu’il est le mari de Neige, comme il ignore qu’il est le père de Yukiko.

La rencontre avec Kano réserve à Kyo une surprise de taille : le grand maître, grand peintre et grand poète, est… aveugle. Comment un aveugle pourrait-il lui enseigner l’art de la couleur ?

Les rapports entre le jeune homme et le vieux maître aveugle ne sont guère harmonieux, Kyo conçoit une impatience qui conduira les deux hommes à s’affronter dans un combat qui mêle les ressorts des plus subtils arts martiaux, ce qui permettra au jeune poète d’apprécier pleinement l’étendue et la subtilité de l’art de Kano…

Ce n’est qu’au cours d’une conversation avec le fidèle Tetsuo, ancien aide de camp de Kano lorsque ce dernier était samouraï, que Kyo apprend que son vieux maître était l’époux de la jeune femme prisonnière de son écrin de glace.

Cette découverte marque un tournant dans leur relation. Et c’est l’occasion pour le maître d’offrir une de ses plus belles métaphores sur l’art de l’écriture à son élève. En cet instant, les destinées des uns et des autres se répondent dans un équilibre inespéré et surprenant.

Kyo conduit Kano jusqu’à Neige, afin qu’il puisse être auprès d’elle une toute dernière fois. Kano donne un dernier enseignement au jeune homme. Dans cet enseignement, il y a une des clefs du mystère de la création artistique, mais aussi l’indication subtilement suggérée par le maître de sa décision : il ne reviendra pas. Son chemin s’arrête là où se trouve Neige.

Kyo, le rouleau où est inscrit le dernier chef-d’œuvre du grand Kano serré dans la main, redescend de l’autre côté de la montagne. Sa vie d’homme, et d’artiste, est devant lui.

Il lui reste à se réconcilier avec son père — à qui il doit reconnaître d’avoir vu son talent avant tous —, et à appeler auprès de lui la femme qu’il aime : Yukiko. Une sélection pleine de subtilité pour quelques œuvres à envoyer à la cour… Kyo attend.

Lorsque la jeune femme apparaît, tous deux savent. La musique de la vie de ces deux êtres a déjà été mêlée l’une à l’autre par un tissage invisible de circonstances magiques et de heureux hasards.

L’harmonie qu’ils ont bâtie dans leur cœur et leur corps par leur choix peut être entendue, vibrante dans l’air et le temps, comme la neige, qu’un seul flocon contient à la fois toute entière et à la fois ne peut y suffire…

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