5 janvier 2008

Note d’intention / scénario

Neige est un film d’amour, sur cet « essentiel qui est invisible pour les yeux » qui est le fil avec lequel on tisse les liens les plus profonds, par-delà les apparences, par-delà les distances, par-delà le temps qui passe.

C’est un film où du désir le plus fort peut naître l’art le plus juste mais aussi l’orgueil qui rend aveugle. Un film où les protagonistes acceptent de changer leur regard — et peuvent ainsi véritablement se rencontrer, se reconnaître et s’aimer.

Neige est un film sur la force de l’intuition, et l’énergie que chacun déploie lorsqu’il sent profondément vers quoi aller. C’est un film sur la force de l’amour, de la générosité et de la fidélité que l’on doit avant tout à soi. Chacun affronte ses désirs et ses démons, et tente de comprendre, à sa façon, ce qui vibre dans son cœur.

C’est un film sur la légèreté, la justesse, l’équilibre et le désir — celui qui nous pousse vers l’inconnu, et qui nous rend si courageux que nous nous sentons prêts à abandonner le confort, la sécurité, les acquis pour un saut dans le vide, une terre inexplorée, en assumant le risque d’échouer.

Tous ces défis, ces combats ont lieu à une époque à la fois d’ouverture vers le futur et de rupture avec le passé, dans des pays profondément marqués par des artistes d’exception et des traditions millénaires, dans le cœur de femmes et d’hommes qui refusent de céder à la facilité d’une ligne de vie entendue à laquelle ils se sentent étrangers, sur fond de ces cathédrales naturelles que sont les montagnes aux neiges éternelles.

Les tensions entre parents et adolescents, entre devoir et éthique, entre désir et amour, entre langage et sens, entre codes de comportement et attitude authentique sont exacerbées par les différences, mais surmontées à travers un cheminement personnel qui ouvre la voie aux véritables rencontres.

Le cheminement des protagonistes les conduit à affronter des obstacles, à vivre des moments d’initiation intense, et rechercher des lignes d’équilibre qui entrent en résonance à travers les années — car les vocations naissent et se réalisent toujours à travers un travail secret et assidu sur soi-même, qui transfigure les relations au monde et aux autres.

Personne ne sait d’avance si sa vie va être de telle ou telle manière, si elle va être belle ou simplement heureuse. Mais partir en voyage sans tenter de se connaître soi-même équivaut peut-être à partir avec son pire ennemi. Et manquer les occasions d’être attentif au sentiment d’autrui, c’est oublier que « je est un autre » et peut-être se manquer soi-même.


Le destin se chargera de rassembler les protagonistes d’une façon si naturelle que les affrontements, les tensions, les ruptures et le travail solitaire de chacun se révèlent être les ingrédients incontournables de la plénitude de l’existence, afin de réaliser à chaque instant cet équilibre sur le fil invisible de la vie.

Neige est un film où l’imaginaire joue un rôle créateur, dès l’enfance pour la jeune fille qui deviendra funambule et pour Kyo qui deviendra poète. Il suffit d’un rien — un rayon de soleil capturé par un cristal de neige, une aile de libellule fremissant au bord d’un ruisseau, une bulle de savon s’envolant vers le ciel, une scène brodée sur un pan de kimono — pour que leur esprit se libère de l’instant présent, et qu’il transforme cette réalité en un moment de poésie, une histoire, un rêve éveillé. L’image s’émancipe et se transforme, elle s’anime…


L’ivresse de la différence, la plénitude de l’autre… En nous ouvrant le cœur de ces protagonistes engagés, entiers et sensuels, Neige nous fait vivre la force et la douleur qui sont le sang et la sève de la fidélité à soi, et de la capacité à aimer véritablement.

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